Sylvia Day
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Oct 15, 2014  •  J'ai Lu  •  9782290094181

French Excerpt

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— Phineas est mort.

L’annonce atteignit Adrian Mitchell comme un coup en plein ventre. Avec une telle force qu’il dut s’agripper à la rampe de l’escalier pour retrouver son équilibre. Il jeta un regard de biais au Séraphin qui montait à côté de lui. Si ce qu’il disait était vrai, Jack Taylor allait devenir son commandant en second à la place de Phineas.

— Quand ? Comment ?

Jason suivait sans peine l’allure inhumaine imposée par Adrian alors qu’ils s’approchaient du toit.

— Il y a environ une heure de ça. Une attaque vampire, apparemment.

— Et personne n’a été capable de repérer un vampire, à si peu de distance ? Bon sang, mais comment est-ce possible ?

— Je me pose la même question, alors j’ai envoyé Damien pour se renseigner.

Ils atteignirent le dernier palier. Le lycanthrope en faction leur ouvrit la lourde porte métallique, et Adrian chaussa ses lunettes de soleil pour se protéger les yeux avant de sortir dans la lumière de l’Arizona. Il vit le garde reculer quand la chaleur étouffante pénétra à l’intérieur, et le second lycanthrope, qui fermait la marche, poussa un gémissement plaintif. Si rudimentaires que soient les instincts de ces créatures, elles n’en demeuraient pas moins beaucoup plus sensibles aux stimuli physiques que les Séraphins ou les vampires. Quant à Adrian, la nouvelle de la disparition de Phineas lui avait tellement glacé le sang qu’il ne sentait même pas la chaleur.

Un hélicoptère les attendait, ses pales ronronnantes brassant l’air surchauffé et poussiéreux du toit. Sur le flanc, l’engin arborait côte à côte le blason de Mitchell Aéronautique et le logo ailé d’Adrian.

— Tu as des doutes.

Ne pouvant pas se permettre pour l’instant de laisser libre cours à sa colère, il préférait se concentrer sur les détails. Pourtant, au fond de lui, il était anéanti par la perte de son meilleur ami et lieutenant de confiance. Oui, mais en tant que chef des Sentinelles, il lui était impossible de se montrer diminué de quelque manière que ce soit. Nul doute que la mort de Phineas provoquerait l’émoi dans les rangs de son unité d’élite. Les Sentinelles attendraient de lui force et conseil avisé.

— L’un de ses lycanthropes a survécu à l’attaque.

Malgré le grondement du moteur, Jason n’avait pas besoin d’élever la voix pour se faire entendre. Pas plus qu’il n’avait besoin de couvrir ses yeux bleus de Séraphin, contrairement à ce que pouvaient suggérer les lunettes de créateur perchées sur son crâne doré.

— Tout ça me paraît bien… étrange. Phineas enquête sur la meute du lac Navajo, puis il tombe dans une embuscade en rentrant et se fait tuer. Pourtant, l’un de ses chiens survit pour dénoncer une attaque de vampires ?

Cela faisait des siècles qu’Adrian utilisait les lycanthropes comme gardes du corps de ses Sentinelles, et comme chiens de meute pour parquer les vampires dans des zones précises. Ces derniers temps, néanmoins, il avait repéré des signes d’agitation parmi les lycanthropes, ce qui l’avait incité à renforcer sa garde. Ces créatures avaient été créées dans l’unique but de servir son unité. Si cela s’avérait nécessaire, Adrian n’hésiterait pas à leur rappeler le pacte conclu par leurs ancêtres. Qu’ils n’oublient pas que l’on aurait pu se contenter de les transformer en vampires suceurs de sang et dépourvus d’âme, en châtiment de leurs crimes. Mais il les avait épargnés, au nom de leur contrat. Refusant d’admettre que ce monde était conçu pour les mortels, certains lycanthropes pensaient néanmoins que leurs prédécesseurs avaient suffisamment payé leur dette. Mais jamais ils ne pourraient vivre aux côtés des humains. Ils n’avaient donc pas d’autre place que celle qu’Adrian avait bien voulu leur assigner.

L’un de ses gardes se baissa pour traverser péniblement les turbulences créées par les pales de l’hélicoptère. Ayant atteint l’engin, il s’empressa de leur ouvrir la portière.

Adrian, en revanche, possédait un pouvoir tel que la tempête ne le dérangeait pas. Il avança sans le moindre effort jusqu’à l’appareil.

— Je vais devoir interroger le lycan qui a survécu à l’attaque, dit-il à Jason.

— Je préviendrai Damien.

Le vent qui fouettait les boucles blondes de son lieutenant envoya voler ses lunettes de soleil. Adrian les rattrapa d’un geste rapide comme l’éclair.

Il se courba et entra dans la cabine de l’hélicoptère, s’installant sur l’un des deux sièges baquet, dos à dos avec celui du pilote. Jason s’assit sur l’autre.

— J’ai tout de même une question à te poser : est-ce qu’un chien de garde qui ne protège pas son maître sert à quelque chose ? Tu devrais peut-être le punir, histoire de le remotiver un peu.

— S’il est en faute, il paiera de sa vie, répliqua Adrian en lui envoyant ses lunettes. Mais tant que je n’ai pas plus d’information, je le considère comme une victime. Et mon unique témoin. J’ai besoin de lui pour attraper et châtier ceux qui ont fait ça.

Les deux lycanthropes – l’un trapu, du genre malabar, et l’autre presque aussi grand qu’Adrien – s’installèrent sur la rangée de sièges face à eux.

— La compagne de ce « chien » est morte en essayant de protéger Phineas, fit remarquer le plus grand des deux lycans en bouclant sa ceinture. S’il avait pu faire quoi que ce soit, il l’aurait fait.

Jason s’apprêtait à répliquer, mais Adrian leva la main pour le faire taire.

— Tu es Elijah.

Le lycanthrope hocha la tête. Il avait une tignasse brune et des yeux d’un vert lumineux, marque typique des créatures souillées par le sang des démons. C’était d’ailleurs l’un des sujets de litige entre Adrian et les lycanthropes : il avait transfusé leurs ancêtres séraphins avec du sang de démon, quand ceux-ci avaient accepté de servir les Sentinelles. Si cette touche démoniaque en faisait des êtres à mi-chemin entre l’homme et la bête, elle avait cependant épargné leur âme, qui aurait sans cela succombé à l’amputation de leurs ailes. En revanche, cela les rendait aussi mortels, avec une espérance de vie réduite, ce pour quoi beaucoup d’entre eux en voulaient à Adrian.

— Tu sembles en savoir plus que Jason sur cette affaire, constata-t-il en l’observant.

Elijah avait été placé dans la meute d’Adrien en observation, parce qu’il montrait des caractéristiques Alpha inacceptables. Les lycanthropes étaient éduqués pour obéir aux Sentinelles. Si on laissait l’un d’eux prendre trop d’assurance, cela risquait d’affaiblir leur loyauté, voire de leur donner des velléités de rébellion. Or, la meilleure façon de gérer un problème, c’était de le tuer dans l’œuf.

Elijah tourna la tête vers le hublot, se plongeant dans l’observation du toit qui s’éloignait à mesure que l’hélicoptère s’élevait dans le ciel sans nuage de Phoenix. Ses poings serrés trahissaient la peur des hauteurs partagée par tous ceux de sa race.

— Nous savons tous que deux lycans accouplés ne peuvent vivre l’un sans l’autre, lâcha-t-il enfin. Aucun ne regarderait sa compagne mourir volontairement. Sous aucun prétexte.

Adrian s’adossa à son siège, tâchant d’apaiser la tension créée par ses ailes bridées qui demandaient à s’étirer, douloureuse manifestation physique de la colère qui l’avait envahi. Elijah disait vrai, et donc la thèse de l’attaque vampire ne pouvait être écartée sans examen approfondi. Adrian laissa retomber sa tête contre le dossier. Le besoin de vengeance brûlait en lui comme de l’acide. Les vampires lui avaient tant pris. La femme qu’il aimait, mais aussi des amis, des compatriotes sentinelles. Et maintenant Phineas. C’était comme s’il venait de perdre son bras droit. Le coupable devait se préparer à payer le prix fort, car il ne se contenterait pas de lui enlever un bras, pour venger son ami.

Ses lunettes de soleil ne suffiraient pas à masquer les iris flamboyants qui trahissaient ses émotions, alors il ferma les yeux…

… et faillit rater le reflet du soleil sur l’argent.

Instinctivement, il se jeta de côté, évitant de peu la lame d’une dague qui lui frôla le cou.

Et il comprit. Le pilote.

Adrian saisit le bras qui venait de s’enrouler devant son appuie-tête et brisa l’os d’un coup sec. Un hurlement strident déchira la cabine. Un hurlement féminin. Le membre brisé pendait désormais contre le fauteuil de cuir, et la lame tomba à terre. Adrian défit son harnais de sécurité et fit volte-face, toutes griffes dehors. Les lycanthropes bondirent, un de chaque côté de lui.

Sans plus personne pour tenir le manche, l’hélicoptère piqua brusquement du nez. Des alarmes affolées envahirent le cockpit.

Oubliant son bras inutilisable, la pilote lança de l’autre main une seconde dague en argent dans l’interstice entre les deux sièges.

Babines retroussées sur les crocs. Bave aux lèvres. Yeux injectés de sang.

Merde, un vampire enragé ! Distrait qu’il était par la mort de Phineas, Adrian avait commis une erreur de débutant en ne vérifiant pas l’identité du pilote.

Les lycanthropes avaient entamé leur transformation, maintenant que la menace avait réveillé la bête qui somnolait toujours en eux. Leurs grondements agressifs résonnaient dans l’espace confiné. Courbé à cause du toit trop bas pour sa haute stature, Elijah balança le poing. L’impact envoya la pilote buter contre le manche cyclique, qu’elle poussa vers l’avant. Le nez de l’hélicoptère plongea, envoyant tous les passagers au sol.

Les alarmes étaient devenues assourdissantes.

Adrian se précipita et, d’un tacle au niveau de la taille, projeta la vampire contre le pare-brise du cockpit. La vitre éclata en mille morceaux et ils tombèrent en chute libre, bataillant toujours.

— Laisse-moi juste te goûter, Sentinelle, fredonnait-elle à travers l’écume de sa bouche, les yeux écarquillés par la fureur alors qu’elle tentait de lui enfoncer dans le cou ses canines acérées comme des aiguilles.

Il envoya violemment son poing dans la cage thoracique de la créature, déchirant la chair et les os pour empoigner son cœur battant. Un large sourire se dessina sur le visage d’Adrian alors que ses ailes se déployaient dans une auréole iridescente, de blanc et de pourpre mêlés. Comme un parachute de plus de neuf mètres d’envergure, elles stoppèrent sa descente, avec une brutalité à couper le souffle. L’organe palpitant de la vampire fut brusquement expulsé de sa propriétaire. Elle poursuivit sa chute inexorable vers le sol, laissant sur son passage une traînée de fumée acide et de cendres, alors qu’elle se désintégrait. Dans la paume d’Adrian, le cœur battait encore, crachant son sang vicié avant de succomber enfin et de s’enflammer. Il en écrasa les restes jusqu’à le réduire en une pulpe informe, qu’il jeta au loin. Les braises s’éparpillèrent. Nuage scintillant.

L’hélicoptère passa près de lui dans une vrille incontrôlée, irrémédiablement attiré par le sol. Adrian serra les ailes et plongea à sa suite. Par la vitre brisée du cockpit, il aperçut l’un de ses lycanthropes, le visage blême et les yeux luisants.

Jason surgit de l’hélicoptère à la dérive comme une boule de feu. Il le contourna et, en se déployant, ses ailes gris sombre et bordeaux déchirèrent les cieux clairs.

— Qu’est-ce que tu fais, capitaine ?

— Je sauve les lycanthropes.

— Pourquoi ?

Pour toute réponse, Adrian se contenta de darder sur lui un regard féroce. Sagement, Jason repiqua vers l’appareil.

Sachant les deux loups pétrifiés par leur terreur innée des hauteurs, il ordonna à celui qui se tenait dans le cockpit :

— Saute !

La résonance angélique de sa voix roula dans le désert comme un grondement de tonnerre. Sans réfléchir, le lycanthrope se lança dans le vide. Jason fondit immédiatement sur lui et l’arracha à une mort certaine.

Elijah n’eut même pas besoin d’incitation. Faisant preuve d’un remarquable courage, il plongea gracieusement de l’appareil condamné.

Adrian descendit vers lui en piqué, lâchant un grognement quand le musculeux lycanthrope s’abattit sur son dos. Ils n’étaient plus qu’à quelques mètres du sol, suffisamment près pour que ses immenses ailes, en battant, soulèvent une nuée de sable.

Une seconde plus tard, l’hélicoptère frappait la terre du désert. Son explosion fut suivie d’un jaillissement de flammes que l’on aperçut à des kilomètres.

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